Les instruments
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L'ensemble des musiques enregistrées ont été éxécutées sur des instrument locaux. Les meilleurs interprètes pour la plupart des morceaux restent les Elavs. Ils possèdent les instruments les plus sophistiqués et les plus fiables qui soient. Pour eux le défi consiste à pouvoir jouer toutes les musiques : éthniques, rituelles, circonstances, sacrée, concert etc ... et qui plus est de toutes provenances. Des Elavs peuvent interpréter de la musique coukliv ou Zukaab sans difficulté (l'inverse se présentant plutôt mal). Voici un exemple d'improvisation sur "Mosh mouvheusss mosh gav seda" ("Combat contre un mouvheusss"). Il s'agit d'une chanson de geste, épique et très allégorique ou un Coukliv doit vaincre un mouvheusss qui retient prisonnière sa famille dans une caverne en attendant de la dévorée. Bab kad (le Coukliv en question) à l'aide d'une simple "tagosh" (instrument muni d'un manche et de cases dont on pince les cordes avec les doigts afin d'obtenir des sons de différentes hauteurs) réussi a précipiter le monstre dans un ravin tout en délivrant les membres de sa famille. Seulement à la sortie de la caverne, l'attend la meute des mouvheusss. C'est alors que Bab kad exécute sur son instrument une folle improvisation qui rend fou les bêtes. Se livrant, entre elles, un combat sans merci toutes succombent. Le vaiqueur et les siens retournent en lieux sûrs. Les coukliv acclament Bab kad et inscrivent son nom dans le livre des exploits.
C'est dans ce cadre que cette histoire se déroula. On pense que la fréquence de résonnance des mouvheuss fut révélée dans cet environnement propice à la réverbération. L'onde sonore réussit à atteindre la cavité auriculaire des animaux. Ce faisant, la vibration amplifiée, assoudissante et intolérable induit une réaction de panique guerrière chez les mouvheuss. Le combat rendu inévitable permis la fuite de tous. L'histoire enjolive la réalité. Certe Bab kad se confronta aux mouvheusss et joua frénétiquement sur sa tagosh. Mais il semble que sa fuite fut favorisée par l'arrivée d'un troupeau de cerfs sentinel. Les mouvheusss saisissant l'occasion d'un repas immédiat se détournèrent de Bab Kad et se ruèrent sur ce troupeau. Comme toujours leur voracité les mena dans une lutte fratricide pour la satisfaction de leurs penses. On suppose également que les notes du tagosh furent à l'origine de ce regroupement de cerfs sentinel vers le point d'émission. Cette improvisation libre sur "Mosh mouvheusss mosh gav seda" est interprétée ici respectivement par le coukliv Lafi kob tola, et par Tisss gahatt un Elav virtuose du tagosh. On notera la dextérité des 2 interprètes. Cependant la différence de qualité et de fabrication entre les tagosh se ressent nettement.
Coukliv Lafi kob tola
Elav Tisss gahatt
 Comment choisir sa tagosh : D'abord saissez l'objet. Il doit vous plaire. cette affinité physique est primordiale. La noblesse de l'instrument et l'envie de symbiose chose/humain se ressent de l'intérieur. Le visuel et la forme s'interiorise et se conforte au fur et à mesure du touché. D'ou l'importance de l'interaction entre les sens. Le son souple et boisé de la tagosh proche de la tendresse universelle s'exprime par une pression simple sur les cases du manche. Sans considération technique cette approche sentimentale à l'instrument demeure l'essence de la satisfaction primaire. Non obstant tout ressenti il faut néanmoins avouer qu'une bonne tagosh se voit dans sa fabrication. C'est pourquoi au lieu de se diriger vers un instrument neuf très attractif mais de mauvaise fabrication il est conseillé, par tous les Elav et Coukliv spécialistes, de prendre un instrument d'occasion de qualité selon son budget. (Sachant qu'on peut avoir sur le marché une tagosh d'occaz pour 500 ou 600 ban-pahosh).
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 Dans le monde musical Elav la flûte se distingue des autres instruments. Elle possède le don d'hypnotiser les mouvheusss pour un temps. Par conséquent chaque Elav se voit enseigner l'art de la "la houg hisss" (flûte simple en Elava) afin de parer aux mauvaises rencontres. Les flûtes de concert ou celles réservées aux virtuoses sont généralement sculptées dans un fémur (ou un tibia voire un humérus) de cerf sentinel désséché. Ce son caractéristique est souvent mis en valeur dans un contexte très spécifique : hanche ou cage toracique de mouvheusss, vallée du temple, prairie, dôme de Baalk (pour la partie sacro-rituelle) etc ... (flute3.mp3, terrazik2.mp3).
La gamme des flûtes Elav est très étendue. La flûte basse, que l'on entend dans le morceau (lecture ci-dessous), doit être tenue simultanément par les pieds et les mains à cause de son poids (même assis). Dans sa version traditionnelle on adjoint à cette flûte fabriquée dans une phalange de mouvheusss un prolongement issu d'une vertèbre du même animal rognée par un cerf sentinel. Cet appendice accoustique produit une turbulence sonore qui amplifie le son faible de la "houg bahann" (flûte des vieillards). Cette appellation vient du fait connu de l'impossibilité des anciens élavs à percevoir les sons aigues. De plus la manipulation primaire des houg bahann restreint considérablement la virtuosité du phrasé musical, ce qui convient aux élavs agés.
Ce morceau traditionnel Elav se nomme "Ba masss toc béenn pala" ("la fourmi arachnide n'est pas prèteuse", nous serions tenté d'ajouter : c'est là son moindre défaut ...). Ce duo propose une version rigoureuse de "Ba masss toc béenn pala" afin de bien saisir la différence de tessiture et de couleur des deux flûtes (d'ailleurs en latin flûte se dit "tibiae" : parfois les mondes se croisent ...)
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Les harpes ou cythares sont assimilées aux ailes de "tahash peh" (le volant). La légende dit que les oiseaux se rassemblèrent à Pitoi-Bov pour se réchauffer et furent surpris par la planète vivante et ses danses de roches. Seul tahash peh s'enfuit porté par des ailes plus puissantes. C'est en mémoire de ces volatiles que les Coukliv conçurent la double harpe en forme d'ailes.
Celle-ci se porte sur le torse et l'on en joue avec deux mains assis au sol ou bien dans la position du "blev" (ce tabouret haut et long induit une position assis / debout). Ses cordes tendues entre un entrelas de racine de "yaj" (résineux aux racines courbées extérieures) sonnent différemment de la tagosh. Un crane de cerf sentinel sert de résonateur. Il est posé sur le "blev" ou sur le sol sous la harpe. Cette harpe porte le nom de son concepteur : "Camliv Mouleykavi" (l'ancètre du sage).
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Le proverbe Zukaab "Une vieille femme est un mouvheuss à qui on aurait mis des ailes de tahassh peh !". En effet les femmes zukaab sont libérées à l'autome de leur vie de toute contrainte masculine (essentielement le confinement au foyer afin de gérer les produits de contrebande des hommes). Ainsi elles utilisent ce droit zukaab pour s'initier entre autre à l'art musical. Les percussions restent leur terrain privilégié. Toutes les percussions entendues dans les différents morceaux sont jouées par des femmes zukaab. Leurs percussions accordées résulte de l'assemblage d'écailles de mouvheusss taillées et de bois de yaj. Celles aux sons indéterminées émettent des sons sourds (peau de cerfs sentinel tendues) ou bien des cliquetis et chocs (blocs de bois, pierre et os en tout genre). Le son métalique de certaines provient de la transformation du baseminium 312 en métal inerte utilisable sans radiation.
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Les coukliv se réservent l'intonation des chants. Ils sont parfois imités mais jamais égalés. Leurs voix, solo ou en choeurs, révèlent une justesse et une chaleur irremplaçable. Les paroles des chants Coukliv respectent plusieurs règles : durée courte, valeur littéraire, valeur morale. Dans l'improvisation chanté il est possible de vocaliser des poèmes Coukliv ou Elav.
Les vues plongeantes du haut des falaises des Aspars. Ce lieu appelle le chant coukliv
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Voici des exemples de paroles poétiques Coukliv : Chaque coukliv épris d'une jeune nymphe doit faire preuve d'imagination dans l'aisance lyrique.
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Ainsi il peut dire en chantant : Blotit sous tes paupières Ton regard se délivre, Gerbe épaisse de jeunes épis, Vers la moisson de tes yeux. Les voix coukliv sont soyeuses sans murmure : La signature de ta bouche Lèvre nacrée d'un sourire poudré Dissout le monde de mon coeur. Le froid en frimas cristalin S'échappe et se mèle au baiser L'atmosphère se fige et l'amour neige.
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Les poèmes Elav font plutôt appel au collectif. Moins lyriques que les rimes coukliv ils renferment l'histoire des Elav.
Poèmes Elav mettant en Ă©vidence le bĂ©nĂ©fice de l'ingĂ©niositĂ© sur la force brutale : Un ourlet d'eau dans une vallĂ©e moire, Innonde la nuit de sa robe d'Ă©toffe calme. Les dames lisses enivrent les monstres. Ils titubent, errent et heurtent les murs. Les secrets s'accochent aux rochers. L'esprit frissonne de pouvoir, Un ciel mauve s'appitoie ... CĂ©lèbre poème d'extase fourmilière et hymne Ă la baie rouge : La plaine ou s'Ă©parpille la chair vermeille, Jusqu'au flanc des montagnes scupltĂ©s de baies, distille le rire de la vie souveraine du temps. Un archipel grouillant, chargĂ© de rosĂ©e Perce les nuits aux berges fertiles. Dis moi l'espoir, la halte nourricière ! Je veux giser dans la rougeur moite, Sur une plage charmante, repu de pluie grenat. Traduction assurĂ©e par GĂ©rald VERDIER Â
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